Split

2009


Paris, Le Dressing



Installation vidéo pour deux supports de projection ou rétroprojection simple.
1 ou 2 boucles vidéo de 16 minutes.

Deux pans de murs, légèrement décalés l’un par rapport à l’autre aménagent un passage dans l’espace d’exposition. Ils servent de support de projection aux deux pans d’un même montage composé d’extraits de Laura.

Comme Rain/Pain et Mark’s dream, Split propose une série de variations autour de La Femme qui pleure de Pablo Picasso. Une horloge fracturée y constitue le motif central autour duquel se structure figurativement l’ensemble de la proposition et impose le Temps comme un thème majeur de l’œuvre.

Le passage aménagé entre les deux parois ouvre une brèche au sein de l’Image. Il matérialise une sorte de faille temporelle dans laquelle vient s’engouffrer l’œuvre d’Otto Preminger pour y précipiter une série de dérèglements, manifestes à la fois dans les jeux de surimpressions qui interviennent au niveau du montage (plaquant les uns sur les autres différentes séquences de Laura qui ne semblent guère entretenir entre elles de rapports particuliers au niveau de la construction scénaristique du film) et les variations de rythme qui affectent le flux de la représentation, soumis par moments à des effets sensibles d’accélération. L’œil du visiteur peut réparer la scission que met en place le dispositif scénographique en adoptant une position adéquate devant l’Image. Mais il peut également l’élargir à l’envi et renforcer les effets de déstructuration que décline le montage en référence au tableau de Pablo Picasso.

Dans le prolongement la déchirure que l’installation impose par son dispositif, le montage livre des figures une apparence disloquée. Fendus, lacérés, voire écorchés, corps et visages semblent en proie à une décomposition avancée. Ce n’est guère la représentation de morts-vivants qui apparaît ici privilégiée (comme elle peut l’être dans Ann’s dream, notamment). Révélant ressorts et rouages, les personnages sont davantage apparentés à des automates aux gestes et aux mouvements millimétrés. Cette évocation contribue à souligner les aspects mécaniques du cinématographe et sa faculté à déjouer, séance après séance, le passage du Temps.

Au gré du montage, les personnages sont également soumis à des effets de confusion identitaires et de dédoublement qui permettent à Split de reprendre les thèmes abordés dans d’autres installations de la série travaillant autour des troubles psychologiques de Gene Tierney.

Split revendique d’ailleurs comme cette installation des références à la peinture religieuse. L’œuvre crée par le biais des surimpressions un cortège de figures auréolées qui célèbre à la fois le statut que le public accorde aux vedettes du grand écran et la pérennité de leur image.

Pour sa première présentation à Paris, le montage fait l’objet d’une rétro-projection visible depuis l’extérieur de la galerie la Ferronnerie. Un montant de porte agence une scission au sein de l’Image et répartit ses composantes en deux pans conformément au dispositif imaginé à l’origine pour l’installation. Le visiteur peut accéder à l’Image entière en transitant à l’intérieur de la galerie, mais sous une forme inversée qui, bien que rétablissant à l’endroit certains motifs utilisés par Otto Preminger (comme le cadran de l’horloge fracturée), dénature pareillement la représentation et déplace sa perception.

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