Démarche artistique
Les installations de Laurent Fiévet mettent en œuvre des confrontations d’images, redéployées dans l’espace et retravaillées dans le cadre de montages vidéo. Organisées en séries thématiques, elles puisent leur substance dans les univers de la peinture, du cinéma et de la photographie pour opérer entre certaines images emblématiques de notre patrimoine culturel des rencontres toujours inédites. De nouvelles générations d’images réalisées pour un projet précis ou captées par des caméras sur les lieux mêmes des expositions sont susceptibles de venir converser avec elles, impliquant plus directement encore la représentation des visiteurs au sein des dispositifs.
L’enjeu des installations consiste moins à mettre les images qu’elles utilisent en perspective et de déplacer le regard traditionnellement porté sur elles que d’exploiter les connaissances, les souvenirs et les affects qu’elles ont nécessairement suscités. Le choix d’utiliser comme matériau des images possédant une certaine épaisseur analytique, ayant rencontré une certaine fortune critique et étant connues de différentes générations de spectateurs répond à une volonté de mettre d’emblée le public en condition et de créer chez lui un système d’attente qui sera exploité ou détourné au sein des installations. Mémoire, savoir et sensations apparaissent dès lors étroitement sollicités pour offrir aux dispositifs mis en place autant de clefs d’interprétation possibles et de modes d’approche différenciés.
Non exemptes de données autobiographiques et proposant des éléments de critique sociologique et politique, les installations engagent avant tout une série de réflexions sur l’Image, son esthétique, ses modes d’élaboration, de perception, d’évolution et de consommation. Mettant souvent le visiteur en scène en référence aux œuvres redéployées au travers de propositions parfois interactives et ludiques, elles offrent différents niveaux de perception liés tout autant au parcours qu’est invité à suivre le visiteur dans l’espace que le positionnement qu’y occupent d’autres intervenants présents au même moment que lui dans l’exposition. Les composantes interactives et aléatoires des dispositifs et la longueur des montages qui y sont présentés permettent à chacun d’expérimenter différemment les œuvres.
L’organisation des montages et des installations en séries travaillant autour d’un même corpus d’images et leur rassemblement au sein d’une même exposition permettent d’engager des liens entre les différentes œuvres qui y sont présentées. Ils invitent la pensée à rebondir de dispositif scénographique en dispositif scénographique autour des thèmes auxquels elles sont consacrées. Le recours dans les installations à des motifs, des dispositifs scénographiques et des choix esthétiques communs (qui peuvent tout aussi bien porter sur des rythmes et des figures de montage qu’une palette réduite de couleurs ou une ambiance lumineuse spécifique) permet de renforcer la cohérence de l’ensemble et les rapports qu’elles tissent entre elles. Chacun des dispositifs scénographiques peut être ainsi envisagé comme une unité qui dispose d’une logique et d’une autonomie propres mais aussi comme la partie d’un tout qui engage entre ses différents éléments constitutifs une série de résonances.