Boucle vidéo de 02 mn 20.
Elaboré autour du générique de La Riffa, le sketch réalisé par Vittorio de Sica pour Boccacio 70, Swing 0 est une œuvre programmatique, au même titre que peut l’être Little Foxes pour Les Larmes de Lora. S’attardant sur le mouvement giratoire d’un manège où les personnages sont assis les uns derrière les autres sur des balançoires, il annonce la multiplicité des individualités et des micro-récits qui seront exposés dans l’ensemble Swing High Swing Low, tout en induisant l’existence d’un lien global entre les différents montages qui composent la série.
Le mouvement tourbillonnant du manège, plus ou moins accéléré selon les circonstances, donne, conformément à une illusion d’optique relativement connue définie par Jean Epstein comme le phénomène des Roues ensorcelées, la sensation que les personnages qui y sont assis tournent tantôt à l’endroit, tantôt à l’envers malgré l’évidente linéarité du flux de la séquence que souligne la présence d’un autre manège apparaissant à l’arrière-plan. Cet effet d’inversion annonce les principes esthétiques et les figures de montage déployés dans l’ensemble de la série, jouant régulièrement sur des effets de retour en arrière, d’inversion du mouvement des plans.
Construit en boucle, le montage développe d’évidents aspects chorégraphiques que renforcent les corrélations qu’il engage avec le chachacha qui en rythme l’évolution. Mouvement continu, il déploie une logique cyclique qui répond, d’une certaine manière, à celui qu’engage nos existences, à cette Danse de la vie que s’efforcent de restituer, montage après montage, comme autant déléments dun même puzzle, les différentes propositions de Swing High, Swing Low.
Si le titre du moyen métrage La Riffa (La Lotterie), qui fait des apparitions régulières à l’image en surimpression, les paroles de la chanson qui accompagne l’extrait et les noms qu’égrainent en surimpression le générique mettent en avant l’idée que puissent se dessiner des destins exceptionnels et fulgurants, le principe que certains individus puissent être privilégiés par les hasards de la vie, l’idée d’un tourbillon embrassant dans un même élan l’ensemble des individus, au point de faire disparaître tout élément d’identification, travaille plutôt à l’idée d’une trajectoire commune, immuable, un mouvement qui place chacun d’entre nous sur un plan d’égalité devant la réalité de sa propre disparition.
Loin de distiller le sentiment d’une menace, d’un drame lesté de son lot d’épreuves et de douleurs, de la crainte de ces effets brutaux de retournement qu’induit précisément l’image, la ronde enveloppe l’ensemble des figures dans une tourbillon joyeux ; elle souligne par là-même la force débordante et positive de la Nature qui guide l’ensemble de nos destinées.