Pandore

2003


Hyvinkää, Hyvinkään taidemuseo



Installation vidéo interactive pour vidéoprojecteur avec boîte, objets et jeux d’images.
2 montages vidéo de 20 secondes et 1 mn 30.

Là où Le Temps suspendu cherche à retenir le Temps, s’efforce de l’emprisonner pour en endiguer le flux, Pandore précipite au contraire son écoulement. Une boîte fermée est présentée sur un socle dans un espace isolé. Projetée à côté d’elle, la représentation d’une main s’approchant et s’éloignant d’une poignée de porte, invite le visiteur à manipuler l’objet tout en cherchant à l’en dissuader. Est laissé à sa libre appréciation le choix de céder ou non à la tentation de le faire.

L’ouverture de la boîte enclenche la projection d’une séquence de The Birds d’Alfred Hitchcock montrant l’ultime attaque de Melanie chez les Brenner. Particulièrement violente, elle est rythmée par un flux continu d’oiseaux qui viennent heurter et meurtrir le corps du personnage. Tout en se référant au mythe de Pandore, l’installation évoque la fuite du Temps. Grâce à un jeu de miroir, les oiseaux s’échappent de la boîte comme les grains d’un gigantesque sablier. Libérés, ils s’envolent pour atteindre le plafond de l’espace d’exposition.

L’évocation d’une Melanie blessée transpose l’attitude du visiteur devant cet écoulement. Elle commente les angoisses que peut susciter chez l’homme l’idée de son incapacité à le contenir. Le Temps ici déborde et emporte dangereusement le sujet dans son tourbillon. Devenu incontrôlable, il finit par le submerger et l’emporter dans ses spires.

Déjà, la cage ouverte du Temps suspendu avait exposé la menace d’un épanchement, souligné cette propension du Temps à fuir et son caractère volatil. Mais à la différence de la première installation, Pandore associe directement ce flux à l’attitude du visiteur et induit sa responsabilité à gouverner son destin. Si le Temps fuit, il peut être aussi contrôlé et apprivoisé comme un oiseau. Contrairement à Melanie, le visiteur peut à tout moment refermer la boîte et suspendre la projection qu’il a déclenchée. Il est libre de laisser échapper ou non le flux d’images ou une fois qu’il l’a provoqué de le faire disparaître.

Le dispositif d’enclenchement de Pandore incite le visiteur à ne pas demeurer passif devant les œuvres. Ce n’est en effet qu’au prix de l’investissement de chacun que s’impose à la connaissance le flux d’images enfermées dans la boîte et, en conséquence, les enseignements qui peuvent en découler.

L’œuvre d’art est présentée comme un puits où le spectateur doit s’aventurer au risque de se retrouver submergé par ses émotions, mouvement de l’âme que permet de figurer une Melanie brusquement noyée parmi les corps innombrables des oiseaux qui l’attaquent. Il n’est donc pas seulement question dans l’extrait de la représentation d’une série de blessures, voire d’une matérialisation des angoisses qui ébranleraient le visiteur ; l’installation révèle surtout l’existence d’une série de traces que l’œuvre tend à imprimer chez ceux qu’elle parvient à toucher.

Au moment où la boîte est ouverte, le faisceau de projection qui se libère peut frapper le corps du visiteur et porter sur lui sa marque lumineuse. Cette trace fugitive rend compte de l’impact possible du chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock chez son spectateur ainsi que de plusieurs des autoportraits de Helene Schjerfbeck dont des reproductions apparaissent, comme dans les cages du Temps suspendu, rangées à l’intérieur de l’objet. L’installation fait le pari de cet impact pour renvoyer au visiteur la force de ses émotions, comme révélées par un miroir dont l’incidence dépasse son traitement traditionnel dans la peinture de Vanité.

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