You can do this

2012


You can do this - photogramme



Boucle vidéo de 5 mn 28.

À la fois pendant comique et revers physique malheureux des prouesses exécutées sur la glace dans les montages Coming out, Pardon me, boy et Play it again, You can do this présente Sonja Henie en prise avec John Payne, son partenaire à l’écran dans Sun Valley Serenade, au moment où celui-ci tente de la soulager d’une crampe qu’elle semble avoir contractée à la jambe gauche. En jouant sur des mouvements de va-et-vient déstructurant totalement le flux visuel et sonore de la séquence, le montage prolonge le traitement préconisé à la sportive et le transforme, à la longue, en une véritable séance de torture que ne manque d’amplifier un effet de boucle.

Le titre de l’œuvre inverse une phrase de protestation que prononce Sonja Henie au cours de la séquence après que John Payne a déchiré son pantalon pour pouvoir mieux examiner sa jambe : You can’t do this !. Tout en mettant en avant les conséquences sémantiques et les implications fantastiques, voire magiques, qu’induisent les mouvements à rebours engagés par le montage, il induit entre les personnages une forme de complicité qui transforme l’action évoquée en rituel sadomasochiste, rythmé par les signes d’encouragement et les exhortations à la modération que la blessée adresse régulièrement à son compagnon, entre deux cris. Les codes romantiques qu’avaient contribué à renforcer les montages reprenant les images du ballet final de Sun Valley Sérénade sont battus en brèche par le manège des personnages qui en propose une sorte de contrepied à la fois burlesque et dramatique.

La contraction et l’étirement de la jambe de la blessée renvoient directement au travail à l’œuvre dans le montage procédant à la fois par court-circuitages, raccourcis dans la continuité narrative et dilution dans la durée. Ils font également écho aux différentes figures exécutées sur glace dans les séquences de ballet et aux logiques de construction déployées dans les autres œuvres de la série qui proposent, dans le prolongement des montages de They Shoot Horses, Don’t They? d’autres jeux et formes de réflexivité. Le travail de recyclage des images s’en trouve interrogé, au même titre que la force de résistance qu’engage l’œuvre originale par rapport aux variations qu’on tente de lui imposer.

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