Portrait aux hélices

2007


Vendôme, Chapelle St Jacques



Installation vidéo, olfactive et interactive, réalisée en collaboration avec Alexis Dadier, créateur de parfums pour vidéoprojecteur et ventilateurs.
Version muséale de Portrait à l’hélice.
1 boucle vidéo de 36 mn 45, 1 parfum.

Portrait aux hélices associe un gros plan d’Eve Kendall (le personnage qu’interprète Eva Marie Saint dans North by Northwest) à une marine de Turner intitulée Le Naufrage représentant plusieurs bateaux pris dans une tempête. Le plan où apparaît la jeune femme est présenté sur un écran accroché légèrement de biais dans l’espace d’exposition. Il est lui-même disposé devant trois ventilateurs qui sont mis en mouvement et pivotent sur leur axe. Certains d’entre eux s’enclenchent à l’approche des visiteurs.

Entièrement conçu autour de l’idée de la coupe, le montage décline plusieurs propositions de confrontations entre le plan hitchcockien et différents détails de la composition de Turner, confondus par effets de surimpressions. Tout d’abord presque immobile, le visage s’anime peu à peu et se met à pivoter à l’image des ventilateurs comme si Eve cherchait du regard les visiteurs cachés dans la pénombre

L’installation met implicitement en rapport le souffle des ventilateurs et la représentation de la tempête dans le tableau de Turner. Le déplacement d’air provoqué par la rotation des hélices est en effet exposé au sein du dispositif scénographique comme le principal élément qui vient bouleverser la quiétude toute relative du portrait. Tandis qu’Eve Kendall détourne régulièrement le visage pour braquer le regard en direction de l’une d’entre elles, sa chevelure, comme mise en mouvement par le tourbillon de l’hélice, produit un effet de vagues. Se déployant généreusement dans le cadre, elles se dressent au point de menacer les embarcations du Naufrage apparaissant dans le montage vidéo.

Conformément à la logique d’ambivalence qui régit l’ensemble du portrait, c’est le tableau de Turner qui introduit parfois un danger dans l’univers du film. Si le visage d’Eve se retrouve régulièrement au sein du montage submergé par les flots, son cou apparaît à d’autres moments tranchés par la voile d’un navire, dressé au centre de la composition comme la lame d’une gigantesque hache.

À travers l’évocation de la tempête, Portrait à l’hélice s’inscrit très clairement dans le prolongement de l’installation Circulations des Suites hitchcockiennes. Le personnage d’Eve Kendall y avait déjà été associé au même type de bouleversement météorologique à travers l’intervention d’une autre composition de Turner : Tempête de neige. Le titre du portrait renvoie également à un célèbre article d’Eric Rohmer, L’Hélice et l’Idée publié dans Les Cahiers du Cinéma au moment de la sortie en France de Vertigo. Le mouvement des pales des ventilateurs fournit en effet une allusion implicite au film de 1957 où le motif de la spirale intervient de manière récurrente.

L’installation propose une réflexion sur la nature du regard que le spectateur porte sur le film, comme démultipliés par la présence des ventilateurs qui viennent le relayer dans la salle d’exposition et comme renvoyé en miroir à travers celui d’Eve Kendall. Elle propose également une expression de ses angoisses à travers la représentation de la tempête, comme répercutée à l’extérieur de l’écran grâce au tourbillon généré par les hélices

Plus d'images




Lieux de présentation



Dans la même série


Copyright © 2016 Laurent Fiévet